la petite histoire de spoutnik

 

BIP, BIP, BIP, ...

 
 

 

 

 

Ce son lancinant apparu sur les ondes des radioamateurs dans la nuit du 04 octobre 1957 est la preuve que l’homme est capable de grandes choses !

Même, si on étudie de plus près l’histoire de SPOUTNIK, on se rend compte que tout cela est dû au hasard et à un extraordinaire coup du destin.

Mais, les grandes avancées se font quelquefois comme cela.

 

 
 

Reprenons un peu le cours de l’histoire.

 

 

Après la défaite des nazis, dont l’arme la plus novatrice était la fusée V2 capable de voler sur  grandes distances (pour l’époque) et de mettre en danger l’Angleterre, bon nombre de scientifiques allemands du programme V2 ont été « récupérés » par les Etats-Unis dont le père de ces fusées : Wernher Von Braun.

 

Quelques miettes de cette technologie ont été récupérées par les russes : des débris de tir, quelques éléments de montage et surtout 500 ingénieurs.

 

 

Après cette victoire sur l’Allemagne, les deux puissances de libération, sont entrées, petit à petit, dans ce que l’on appelle « la guerre froide », où chacun pensait que l’autre voulait le détruire !!!!

Il en a découlé des années de méfiance mutuelle, de coup bas, d’espionnage (voir James bond !!) et surtout l’idée qu’il fallait être supérieur en armement que l’adversaire.

 

Les russes ont rapidement déduit, après HIROSHIMA, que délivrer de l’armement classique ne ferait pas plier les ennemis.

Les V2 qui ont bombardés LONDRES, ont fait certes des dégâts importants, mais n’ont pas du tout affaiblit l’Angleterre.

La solution passe obligatoirement par des bombes nucléaires.

Mais, il faudrait une fusée intercontinentale pour atteindre les Etats-Unis.

 

 

En 1952, sous l’impulsion du professeur BREKNER, 67 pays votent la création de l’année géophysique internationale (AGI), de juillet 1957 à décembre 1958, dont le but est de concentrer les moyens sur une meilleure compréhension de notre atmosphère.

L’AGI correspondait à un maximum d’activité du Soleil.

Occasion pour les grands pays de tirer de nombreuses fusées-sondes.

 

Un rapport paru aux Etats-Unis préconise l’accroissement des moyens d’espionnage du territoire soviétique par des avions espions ou des satellites artificiels.

Mais, le survol permanent du territoire russe risque d’être pris pour une agression.

 

Le 29 juillet 1955, les Etats-Unis annoncent leur intention d’envoyer un satellite pendant l’AGI à des fins scientifiques….

Le 2 Aout 1955, l’URSS annonce à son tour, au congrès international d’astronautique, par la voix de Léonid SEDOV, « qu’effectivement un gros satellite sera lancé, mais qu’il ne sera pas américain ».

 

La course est officiellement lancée.

 

 

Jupiter C sur son pas de tir

Du coté américain, la conception du lanceur est confiée à l’armée. Mais, malgré l’avance technique du projet de l’US ARMY conduit par Von Braun, lanceurs Jupiter (dérivés du Redstone), les autorités américaines préfèrent confier à l’US NAVY la réalisation du lanceur.

 

L’US NAVY présente un projet VANGUARD, incertain et manquant d’ingénieurs qualifiés.

 

Il aurait impensable que ce soit un allemand qui réalise le lanceur américain !!!!

 

VANGUARD

  

Les russes décident de développer un gros satellite scientifique, « l’objet D », de 1300kg avec 200 à 300kg d’équipements scientifiques.

Mais, les soviétiques se heurtent à de nombreux problèmes techniques.

 

L’objet D prend trop de retard.

 

Et les russes peinent à élaborer une fusée pouvant emporter plus de 100kg.

 

 

Septembre 1956 :

Essai de tir américain avec missile Redstone,

90% vitesse satellisation, mais Eisenhower interdit l'allumage du dernier étage (rempli de sable par la CIA) pour ne pas violer l'espace aérien russe.

 

Janvier 1957 :

 

Voyant approcher le début de l’AGI, Korolev propose de préparer deux petits satellites simplifiés, PS1 et PS2 (prosteïchiï spoutnik) pouvant être envoyés par la fusée R7 « Semiorka ».

 

 
SPOUTNIK 1 SPOUTNIK 2

 

La fusée R7 "Semiorka" (petite septième)

 

Cette fusée a été spécialement développée pour transporter une bombe nucléaire sur 8000km.

Avec ses 403 tonnes de poussée, il pourrait mettre facilement sur orbite un PS.

Mais la priorité est à l’emport de charges nucléaires.

 

Un nouveau site de lancement pour les R7 est crée près de la petite ville de Tiouratam dans le Kazakhstan à 300km au sud de Baïkonour (!!!) et hors de portée des radars américains.

 

Les premiers essais débutent, 3 échecs, le quatrième fonctionne correctement et la charge retombe 6500 Kms plus loin. Le cinquième tir est une réussite aussi, si ce n’est la charge qui a été détruite à sa rentrée dans l’atmosphère.

Le lanceur est qualifié, mais il faut maintenant travailler sur la charge nucléaire.

 

Profitant de ce repris, Korolev propose le lancement de son satellite et la commission d’état fixe le 06 octobre 1957.

Mais, sachant que doit avoir lieu ce jour-là, une réunion de l’AGI à Washington où les États-unis présenteront une étude sur « les satellites au dessus de la planète », Korolev propose d’avancer de deux jours le lancement.

 

Le 3 octobre 1957, la fusée R7 N° 8K71PS sort de son hall d'assemblage couchée sur une plateforme tractée par une locomotive en direction de son pas de tir situé à 1 km et demi.

 

Quelqu'un pose une pièce d'un rouble sur le rail afin qu'elle soit écrasée pour leur porter chance.

Ce geste sera reproduit à chaque lancement!

 

 

Le matin du 4 octobre, la fusée est remplie de d'oxygène liquide et de kérosène.

Korolev donne l'ordre de tir à 22h28.

 

Les 5 moteurs de la fusée s'allument, les mâchoires du pas de tir s'ouvrent et la Semiorka s'élève dans le ciel kazakh. tout est parfait, à part une défaillance du système de contrôle qui provoquera une surconsommation de carburant stoppant les moteurs une seconde trop tôt.

 

 

 

5 minutes après le tir, spoutnik est placé sur une orbite variant de 215 à 939 kms.

 

La joie est à son maximum pour l'équipe de Korolev qui attends impatiemment le BIP du spoutnik.

Enfin, il arrive, mais Korolev préfère attendre un tour complet de la Terre avant de crier victoire!

L'orbite, incliné de 65,7°, est parcouru en 96,17minutes.

 

ENFIN, CA Y EST, spoutnik est en orbite!!!!

Korolev téléphone à Nikita Khrouchtchev, en réunion à la présidence Ukrainienne, pour l'informer de sa réussite. Khrouchtchev le félicita mais ne compris pas immédiatement la portée de cet événement.

 

Le lendemain, l'agence TASS relata cet événement comme un tir normal, par un entrefilet en bas de page.

Il fallu attendre que l'information passe à l'ouest, et que tous les journaux placent cette nouvelle à la Une pour que le gouvernement soviétique en mesure réellement l'impact.

 

 

Après cet énorme travail, l'équipe de Korolev s'accorde des vacances bien méritées, mais Khrouchtchev se rendant compte de l'impact de ce lancement, ordonne à Korolev de lancer "quelque chose de nouveau pour l'anniversaire de notre révolution", c'est à dire le 7 novembre, soit un mois plus tard !!!

 

Toute l'équipe se met au travail, et permet le lancement le 3 novembre 1957 du deuxième satellite spoutnik de l'histoire.

Il emporte avec lui un être vivant.

Une petite chienne Laïka "Kudryavka" dont le destin est tout tracé, les russes n'ont jamais expérimenté le retour de l'orbite...

Kudryavka dispose d'une mangeoire automatique, d'un conteneur climatisé, mais après 3 révolutions, le système de régulation de température tombe en panne et elle meure de chaleur.

 

 

Après ces deux succès, la maîtrise technique et scientifique ne fait plus aucun doute.

L'équilibre EST-OUEST en est totalement chamboulé. Le modèle soviétique s'impose comme un modèle viable.

Les américains subissent un "Pearl Harbour scientifique" et doivent absolument laver l'affront.

 

Ils tentent le lancement d'un petit satellite à l'aide de la fusée Vanguard. Mais, c'est un échec filmé par les télévisions américaines.

L'essai sera qualifié par la presse de "Flopnik" ou de "Kaputnik".

La tentative suivante sera confiée à l'Us Army avec ses Jupiter C dont le concepteur n'est autre que Wernher Von Braun.

Le lancement a lieu le 31 Janvier 1958 est c'est un succès.

 

 

William Pickering , James Van Allen et Wernher Von Braun

annonçant le lancement d' Explorer 1.

 

Le petit satellite Explorer1, mis en orbite, équipé d'un détecteur de particules est à l'origine de la découverte des ceintures de radiations entourant la Terre, les ceintures de Van Allen.

 

L'objet D, initialement pour l'AGI sera finalement lancé le 15 mai 1958, après avoir subi un échec de tir le 27 avril 1957.

Il fournit des renseignements sur l'environnement de notre planète.

 

Spoutnik1 cessa d'émettre son Bip le 26 octobre 1957, et disparu en pénétrant dans l'atmosphère le 4 janvier 1958 après 1400 révolutions.

Spoutnik2 resta 5 mois en orbite et se désintégra en rentrant dans l'atmosphère après 2370 révolutions.

Spoutnik3 (Objet D) resta 2 ans en orbite et effectua plus de 10000 révolutions.

 

Cette course effrénée ne faisait que commencer.

 

Du coté soviétique, il était important de toujours être les premiers:

- première sonde sur la lune LUNA

- premier homme en orbite GAGARINE

- première femme en orbite TERECHKOVA

- premier équipage

- première sortie dans l'espace LEONOV

- premier alunissage LUNA 9

- premier véhicule sur une autre planète VENERA

- premier robot LUNAKHOD

- première station spatiale

 

Du coté américain, le retard accumulé sous la présidence d'Eisenhower ne permettait de lutter.

La première réponse fut la création de la NASA en 1958, qui regroupa toutes les différentes agences éparpillées (et surtout tous les ingénieurs) au sein d'une organisation qui pouvait permettre de rationaliser les efforts et éviter les erreurs du passé.

 

La mise en orbite d'Explorer-1 et sa découverte des ceintures de van Allen sont plus importantes qu'il n'y paraît.

Elles sont la démonstration des capacités américaines en matière d'électronique, d'informatique et de miniaturisation. Des domaines où l'Union soviétique est toujours derrière. Ajoutons-y la puissance de l'industrie américaine et la richesse du pays et voilà les premiers ingrédients d'une reconquête.

Les dirigeants américains ne s'y trompent pas qui vont jouer de cela et de la fierté nationale pour lancer des programmes pharaoniques sur lesquels Moscou, en voulant les suivre, va s'essouffler.

J.K. Kennedy basa sa campagne présidentielle sur les errances d'Eisenhower dans ce domaine et donna un espoir à l'Amérique humiliée en lui promettant, le 12 septembre 1962, la Lune dans son discours "We choose to go to the Moon".

Moscou suit avec des moyens limités et des troupes dispersées qui passent leur temps à se chamailler.

Et, le 21 juillet 1969, l'Américain Neil Armstrong est le premier homme à poser le pied sur la Lune.

Le spatial soviétique recule d'autant plus que, dans le même temps, il a négligé de s'intéresser aux retombées de l'espace.

 

Des domaines dans lesquels les Américains se sont engouffrés et collectionnent les premières :

-premier satellite de télécommunications (décembre 1958)

-premier satellite géostationnaire (juillet 1963)

-premier satellite commercial de télécommunications (avril 1965)

-premier satellite météorologique (avril 1960)

-premier satellite d'observation de la Terre (janvier 1972).

 

 

 

Lorsqu'on regarde toute cette histoire, rien de scientifique ne transparaît, tout n'est que lutte de pouvoir, besoin d'être toujours supérieur.

 

Ne nous trompons pas, les temps n'ont pas tellement changés, malgré les grands discours d'amitié.

La course à la Lune ou à Mars n'est qu'un prétexte pour asseoir sa domination sur le monde.

Sinon, pourquoi refuser catégoriquement, du coté américain, une internationalisation des recherches et des essais.

Risque majeur de transfert de technologies vers des puissances de l'Axe du Mal....

L'excuse parait légère....

Idem coté russe.

Alors, nous voyons l'émergence de nations spatiales comme le Japon, l'Inde, la Chine,...

 

Espérons que l'Homme pourra s'élever au-dessus de ces contingences nationalistes.......

 

 

 

Y DE ANGELI 01/11/07