COMMENT CHOISIR UN TÉLESCOPE
Avant de choisir son futur matériel, il est impératif de se poser quelques questions:
- quelle en sera son utilisation ?,
- en quel lieu ?,
- quelles sont mes connaissances en astronomie ?,
- et aussi, quel est mon budget?
Voici quelques clés qui vous permettront de faire un choix vraiment adapté à vos besoins.
1 - Le diamètre du tube (ou l’ouverture)
Le grossissement (souvent annoncé comme une qualité primordiale dans les
publicités) n’est pas un critère d’importance !
En effet, ce n'est pas le tube qui détermine le grossissement de l'appareil mais l'oculaire que nous y installerons.
En outre, plus le
grossissement est faible, est plus le gain en luminosité et en netteté est
important.
La vocation d’un télescope est bien sûr de grossir, mais le facteur essentiel pour obtenir de belles images, c’est sa capacité à récolter un maximum de lumière.
Cette capacité est déterminée par l’ouverture de l’élément principal du système optique (que ce soit un miroir ou bien une lentille), son diamètre.
L’œil transmet l’information lumineuse au cerveau qui l’analyse.
Malheureusement, le diamètre de la pupille dans l’obscurité ne dépasse pas 7 mm chez l’enfant et à peine 5 ou 6 mm chez l’adulte, et la quantité de lumière récoltée est faible.
La fonction d’une lunette ou d’un télescope est de collecter la lumière, tel un entonnoir de grande surface (surface des parties optiques) et de la concentrer en un point appelé « foyer » que l’œil peut observer avec des loupes (oculaires), plus ou moins fortes.
Plus le diamètre du collecteur est grand,
plus la quantité de lumière collectée est importante et
plus on pourra se permettre de grossir sans perdre en qualité d’image. Sinon, à
grossissement égal, un diamètre important permettra de révéler une quantité plus
importante d’astres à observer, moins lumineux, ou de détails sur les planètes
(résolution).
Avant d’opter pour un gros diamètre, gardez toutefois à l’esprit l’augmentation du volume et du poids de l’engin, et assurez-vous que vous serez bien capable de le déplacer sur un site d’observation.
Que peut-on voir avec quel diamètre (avec un ciel de qualité correcte en terme de pollution lumineuse)?
- Un télescope ou une lunette de 60mm de diamètre peut déjà permettre d’observer
les cratères de la Lune, les tâches solaires, les anneaux de Saturne, ou bien
les bandes nuageuses de Jupiter, ainsi que ses quatre plus gros satellites.
- Un télescope de 114 à
150mm ou bien une lunette de 80 à 90mm dévoilera beaucoup plus de détails du sol
lunaire ainsi que des planètes, et révèlera déjà de somptueuses nébuleuses ainsi
que certains amas d’étoiles.
- A partir de 200mm, votre télescope vous permettra d’observer de faibles amas stellaires, de splendides nébuleuses ainsi que des galaxies.
2 - Le grossissement
lors de nos animations, la question première lors de la présentation de nos
instruments est: « Il grossit combien de fois ? », alors que la vraie question
est « Quelle est l’ouverture du tube ? » …
En réalité, ce n’est pas le télescope qui grossit, mais l’oculaire qu’on voudra bien y placer, et on peut finalement y fixer n’importe quoi.
Mais où est l’intérêt d’un fort grossissement, si on n’obtient qu’une tâche informe, floue, et terne ?
En fait, quel que soit l’oculaire qu’on fixe, la quantité de lumière qui arrive dans votre œil est la même.
Ce qui veut dire que plus l’image d’une planète est grossie, et plus sa lumière s’étale sur sa surface, elle s’assombrit. La résolution de l‘image possède elle aussi une limite (limite physique de la lumière) qu’on ne peut dépasser sans obtenir une image floue et inutilisable.
Le grossissement se calcule
en faisant le rapport entre la longueur focale du tube optique et la longueur
focale de l’oculaire.
Exemple : télescope 114/900 équipé d'un oculaire de 25mm
Focale tube=900mm et focale
oculaire = 25mm grossissement= 900/25 = 36x
Le grossissement maximum utile, correspond au double du diamètre du miroir (ou de la lentille) principal(e), en millimètre.
Un diamètre de 114mm nous autorisera donc à grossir jusqu’à 228 fois, sans perdre en qualité d’image.
Il est néanmoins conseillé
de modérer le grossissement, et de privilégier un grossissement x0.5 ou bien x1,
afin de révéler les plus belles images.
Le grossissement minimum utile existe lui aussi : il est égal au 1/6ème
de la taille du diamètre, en millimètres.
Le grossissement résolvant, c’est le grossissement qui révèlera le plus
de détails visibles sur l’image. Il correspond tout simplement au diamètre du
miroir primaire.
3 - la focale
La focale, c’est la distance parcourue par la lumière entre le centre de la
lentille (ou du miroir primaire) et l’endroit où convergent tous les rayons
lumineux : le foyer. Plus une distance focale est grande, et plus le
grossissement possible sera important.
On établit un rapport entre le diamètre et la focale, qui permet de déterminer l’usage qu’on fera de tel ou tel télescope, ce qui simplifie bien des choix !
Ce rapport est le rapport F/D (F = focale, D = diamètre). Il indique la capacité du télescope à détecter les faibles luminosités.
Rapport F/D |
Utilisation |
F/D < 6 |
ciel profond (nébuleuses peu lumineuses) |
6 < F/D < 10 |
polyvalent |
F/D > 10 |
planétaire |
4 - Le pouvoir séparateur
On pourrait tout aussi bien appeler cela la résolution, puisqu’il s’agit ici de
l’aptitude à discerner les détails sur la surface d’un astre (les cratères de la
Lune, la tache rouge de Jupiter, la division de Cassini des anneaux de Saturne,
les calottes polaires de Mars, …), ou a séparer les étoiles doubles (pour
le ciel profond).
Ce pouvoir séparateur se mesure non pas en millimètre mais en secondes d’arc (qui s’écrit ").
Pour connaître le pouvoir
séparateur de son tube, il faut diviser le nombre 120 par le diamètre du miroir
primaire (en mm).
Exemple : pour un
télescope 130 (diamètre)/900 (focale) -- 120/130 = 0.92" d’arc.
Cette valeur est théorique
car dans la pratique, il y a très souvent un peu de turbulence atmosphérique qui
viendra nuire au pouvoir séparateur…
Néanmoins, cette notion permet de connaître les performances de sa machine, et
elle est toujours capitale lors de conditions d’observation idéales !
5 - Quel système optique (réflecteur, réfracteur, catadioptrique) ?
- Les réflecteurs sont constitués de miroirs concaves, et sont exclusivement destinés à l’astronomie.
En effet, la
lumière réfléchie à travers les jeux de miroirs offre une image
inversée, il existe néanmoins des accessoires qui remettent l’image à
l’endroit (redresseur terrestre). Un bon Newton peut rivaliser avec une bonne lunette en terme de contraste et de netteté des images. L’oculaire n’est pas placé dans l’alignement du tube, à l’opposé de l’objectif, mais sur le côté du tube, par jeu de miroir, ce qui est plus confortable pour l’observation et évite de se plier en deux.
Cette formule
optique modifiée ("Dobson") permet d'obtenir un grand diamètre pour un
prix raisonnable. Contrairement à la lunette, le télescope à réfléchissement nécessite un entretien occasionnel. Par exemple, il convient de procéder à un réalignement périodique des miroirs, ou collimation, afin d’accroître les performances. Le tube du Newton est à l’air libre, ce qui attire les poussières et autres saletés. Il est également sensible à l’humidité de l’air, il faut donc le recouvrir de son couvercle après chaque utilisation, si on veut conserver ses miroirs aussi propres que possible.
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- Les réfracteurs, aussi appelés « lunettes astronomiques », sont, eux, constitués de lentilles qui réfractent la lumière.
D’apparence longue
et mince, la lunette possède juste une lentille d’objectif à une
extrémité et une lentille d’oculaire à l’autre. Les réfracteurs sont plus chers que les réflecteurs, et bien que le système de lentilles soit le premier à avoir été inventé, la qualité de l’image est bien supérieure (à diamètre égal) aux autres systèmes. Les lunettes sont surtout appréciées pour l’observation planétaire, et simple d’utilisation pour les débutants (peu d’entretien). Ils sont aussi plus adaptés que les réflecteurs pour les personnes habitant dans une zone sujette à la pollution lumineuse, à laquelle ils sont beaucoup moins sensibles.
En contrepartie, l’observation du ciel profond n’est pas recommandé avec une lunette, même avec un diamètre important, on lui préfèrera le télescope réflecteur, surtout après avoir comparé les prix !
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- Les télescopes catadioptriques sont à mi-chemin entre les réflecteurs et les réfracteurs.
Ils possèdent en
effet un système composé de lentilles et de miroirs.
Cet instrument est
un bon compromis entre les deux, et il est polyvalent grâce à sa
transportabilité et ses performances en planétaire et ciel profond.
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6 - Les montures.
La grande majorité des télescopes sont vendus avec la monture prévue à cet effet, mais on peut également se les procurer indépendamment.
La monture est, en tout cas, indispensable pour l’observation, c’est elle qui fait bouger le tube à votre guise pour viser la cible de votre choix.
Il est existe plusieurs
types de monture :
- monture azimutale :
Elle offre un
mouvement vertical et horizontal du tube, guidé par deux flexibles et ne
nécessitant pas de moteur, ce qui est parfait pour l’observation
terrestre, un peu moins pour le ciel … La plus connue de ces montures
est la monture "Dobson", adaptée aux tubes de grand diamètre (de type
Newton par exemple). Les "Dobson" n’ont pas de flexibles, mais se
meuvent manuellement avec un système de roulements Téflon, très facile à
utiliser, même à fort grossissement. |
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- monture équatoriale :
La monture équatoriale est exclusivement dédiée à l’astronomie, et non pour l’observation terrestre. Le principe de cette monture est de suivre le mouvement de la rotation terrestre, donc le mouvement apparent de la voûte céleste, elle est donc plus adaptée pour le repérage et le suivi des astres que la monture azimutale.
Cette monture
permet également de repérer les astres de par leurs coordonnées célestes
: ascension droite (AD) et déclinaison (DEC). Chaque télescope à sa monture prédéfinie en fonction de son poids.
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7 - Le lieu d’observation
Facteur non négligeable et même capital, la qualité de votre ciel !
Un télescope de grande qualité ne pourra rien faire face à un ciel déformé par
les turbulences atmosphériques ou pire (car permanent), face à un ciel inondé de
pollution lumineuse.
Si vous habitez au cœur d’une grande agglomération, il est inutile de pouvoir
espérer un jour observer les nébuleuses et galaxies dont regorge notre ciel.
Tout au plus vous pourrez
observer les planètes les plus visibles : Jupiter, Saturne et Mars (la Lune et
le Soleil bien sur !).
Si vous habitez en banlieue d’une agglomération, évidemment les conditions
seront meilleures mais certainement pas suffisantes pour croquer du ciel
profond…
C’est bien connu, pour s’épanouir en astronomie, il faut soit habiter à la
campagne, soit à la montagne (l’altitude c’est encore mieux !).
8 - Le prix
Même pour débuter, ou pour offrir à un enfant, évitez absolument les télescopes
moins chers que les moins chers, vendus en grande surface.
La qualité y est le plus
souvent exécrable, et les frustrations peuvent avorter une future passion … Quel
dommage !
A l’autre extrême, ne vous découragez pas si le télescope de vos rêves est pour
le moment inabordable, ne laissez pas l’astronomie pour autant !!
Il y a une grande quantité
de télescopes de moindre diamètre de très bonne quantité et à des prix
attractifs.
Enfin, si le prix n’est pas un obstacle pour vous, ne vous ruez pas sur le plus
gros diamètre de la gamme pour débuter !
Plus un télescope est cher,
et plus il est en général compliqué à manœuvrer, alors si vous ne connaissez
même pas le ciel, ou que vous ne comptez pas perdre de temps en maintenance de
votre outil, évitez ce genre d’investissement inutile, et revoyez vos ambitions
à la baisse.
Bref, quel que soit votre
profil ou vos motivations, il faut peser le pour et le contre, il est nécessaire
de prendre le temps de la réflexion.